Ne nous laisse pas entrer en tentation

    De Wiki Maria Valtorta


    Le libellé de cette sixième demande est celui qui a subi le plus de modification :

    • Latin : Ne nos indúcas in tentatiónem.
    • Avant 1966 : Ne nous laissez pas succomber à la tentation
    • de 1966 à 2017 : Ne nous soumets pas à la tentation
    • Depuis 2017 : Ne nous laisse pas entrer en tentation
    Le Catéchisme de l'Église catholique explique en quoi il est difficile de bien rendre tout ce qu'il y a dans le terme grec primitif:
    "[...] Nos péchés sont les fruits du consentement à la tentation. Nous demandons à notre Père de ne pas nous y "soumettre". Traduire en un seul mot le terme grec est difficile : il signifie "ne permets pas d’entrer dans" (cf. Matthieu 26,41), "ne nous laisse pas succomber à la tentation". "Dieu n’éprouve pas le mal, il n’éprouve non plus personne" (Jacques 1,13), il veut au contraire nous en libérer. Nous lui demandons de ne pas nous laisser prendre le chemin qui conduit au péché. Nous sommes engagés dans le combat "entre la chair et l’Esprit". Cette demande implore l’Esprit de discernement et de force (CEC § 2846)."        
    La confrontation des textes de Maria Valtorta à un concept si subtil à définir sera une bonne mesure de leur valeur théologique et de leur conformité canonique.

    Être tenté ne veut pas dire consentir à la tentation. Jésus lui-même fut tenté au début de sa vie publique[1] et au seuil de sa Passion[2]. La lutte interne l'amena jusqu'à la sueur de sang. "Or un tel combat et une telle victoire rajoute le Catéchisme, ne sont possibles que dans la prière. C’est par sa prière que Jésus est vainqueur du Tentateur, dès le début (au désert) et dans l’ultime combat de son agonie (à Gethsémani) (CEC § 2849)".

    Dans Maria Valtorta

    Jésus a été tenté et priait son Père

    C'est cette distinction entre tentation et consentement ainsi que le lien entre victoire sur l'épreuve et prière que Jésus explique à Judas qui aura tant besoin de prendre en compte cet enseignement et ne comprend pas Jésus qu'il désire suivre pourtant.
    [...] "Tentés, tous peuvent l'être. Pécheurs ceux-là seulement qui le veulent."  - "Tu n'as jamais péché, Jésus ?" - "Je n'ai jamais consenti au péché. Et cela non parce que je suis le Fils du Père, mais parce que cela, je l'ai voulu pour montrer à l'homme que le Fils de l'homme n'a pas péché parce qu'il n'a pas voulu pécher et que l'homme, s'il ne veut pas le péché peut ne pas le commettre."

    "Tu n'as jamais été tenté ?" - "J'ai 30 ans, Judas. Je n'ai pas vécu dans une caverne sur une montagne, mais parmi les hommes. Même si j'avais été dans l'endroit le plus solitaire de la terre, crois-tu que les tentations ne seraient pas venues ? Nous avons tout en nous : le bien et le mal. Nous portons tout avec nous[3]. Sur le bien souffle le souffle de Dieu et il l'avive comme un encensoir d'agréables et sacrés parfums. Sur le mal souffle Satan et il en fait un bûcher de flammes féroces. Mais la volonté attentive et la prière constante sont comme un sable humide sur les flammes infernales, elles l'étouffent et en triomphent."  

    [...] "Voilà : la tentation vous mord comme ce désir, Judas. Satan le rend plus aigu, plus précis, plus séduisant que tout assouvissement. En outre, l'acte apporte une satisfaction et parfois le dégoût, tandis que la tentation ne faiblit pas, mais comme un arbre qu'on a taillé développe une plus abondante floraison." - "Et tu n'as jamais cédé ?" - "Je n'ai jamais cédé." - "Comment as-tu pu ?" - "J'ai dit : "Mon Père, ne m'induis pas en tentation"[4] - "Comment Toi, Messie, Toi qui opères des miracles, tu as demandé l'aide du Père ?" - "Non seulement l'aide : je lui ai demandé de ne pas m'induire en tentation. Crois-tu que parce que je suis Celui que Je suis, je puisse me passer du Père ? Oh ! non ! En vérité, je te le dis que le Père accorde tout au Fils, mais que aussi le Fils reçoit tout du Père. Et je te dis que tout ce qu'on demandera en mon Nom au Père, sera accordé (EMV 69.5).

    Au don du Notre Père

    Le dialogue avec Judas dont nous venons de lire un extrait sert, un an plus tard, à commenter la sixième et la septième demande quand Jésus enseigne pour la première fois le Notre Père à ses apôtres. Ils sont onze, car Judas profite d'être à Jérusalem pour aller revoir ses relations toxiques. Le lien entre l'assaut de la tentation et la délivrance du Malin se fait par la prière, car "ce n’est pas Dieu qui porte au Mal, mais c’est le Mal qui tente".
    "L’homme (Judas) qui n’a pas éprouvé le besoin de partager avec nous le souper de la Pâque m’a demandé, il y a moins d’un an : "Comment ? Tu as demandé de ne pas être tenté et d’être aidé dans la tentation contre elle-même ?" Nous étions nous deux, seuls... et j’ai répondu[5].    

    Une autre fois, nous étions quatre dans un endroit isolé, et j’ai répondu de nouveau[6]]. Mais il n’était pas encore satisfait, car dans un esprit compliqué, il faut d’abord ouvrir une brèche en démolissant la forteresse perverse de sa suffisance. Et, pour cette raison, je le dirai encore une fois, dix, cent fois jusqu’à ce que tout soit accompli.          

    Mais vous qui n’êtes pas cuirassés par des doctrines malheureuses et des passions plus malheureuses encore, veuillez prier ainsi. Priez avec humilité pour que Dieu empêche les tentations. Oh ! l’humilité ! Se connaître pour ce que l’on est ! Sans s’avilir, mais se connaître. Dire : "Je pourrais céder même s’il me semble que je ne le puisse pas car je suis, pour moi-même, un juge imparfait. Par conséquent, mon Père, délivre-moi, si possible, des tentations en me tenant tellement proche de Toi afin de ne pas permettre au Malin de me nuire". Car, souvenez-vous-en, ce n’est pas Dieu qui porte au Mal, mais c’est le Mal qui tente. Priez le Père pour qu’Il soutienne votre faiblesse au point qu’elle ne puisse être induite en tentation par le Malin (EMV 203.12).

    La force de vaincre la tentation vient de Dieu

    Dans une dictée du 7 juillet 1943, deux mois et demi après la vision inaugurale, Jésus commente, pour notre époque, le Notre Père. Dieu ne tente pas et laisse à notre liberté le choix de triompher du Mal en "implorant du Père les forces pour le vaincre".
    Dieu ne vous induit pas en tentation. Il vous tente avec des dons de bien seulement, et pour vous attirer à lui. Interprétant mal mes paroles, vous croyez qu’elles signifient que Dieu vous induit en tentation pour vous mettre à l’épreuve. Non. Le bon Père qui est aux Cieux permet le mal, mais il ne le crée pas. Il est le Bien dont jaillit chaque bien. Mais le mal existe. Il existe depuis que Lucifer se tourna contre Dieu. C’est à vous de faire du mal un bien, le vainquant et implorant du Père les forces pour le vaincre. Voilà ce que vous demandez par cette dernière pétition, que Dieu vous donne assez de force pour résister à la tentation. Sans son aide, la tentation vous plierait, car elle est forte et rusée, et vous êtes bornés et faibles. Mais la lumière du Père vous éclaire, mais la puissance du Père vous fortifie, mais l’amour du Père vous protège, grâce à quoi le mal meurt et vous en êtes délivrés.    
    "Ne pas entrer dans la tentation", indique le Catéchisme, implique une décision du cœur :
    "Puisque l’Esprit est notre vie, que l’Esprit nous fasse aussi agir" (Galates 5,25). Dans ce "consentement" à l’Esprit Saint le Père nous donne la force. "Aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle ; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces. Avec la tentation, il vous donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter" (1 Corinthiens 10,13). (CEC § 2848)."

    Pour aller plus loin

    Notes et références

    1. Jésus tenté au désert : Matthieu 4,1-11 | Luc 4,1-13 | EMV 46.
    2. Agonie au Jardin des oliviers : Matthieu 26,39-42 | Luc 22,41-44 | EMV 602.17.
    3. Ces affirmations, exactes dans la mesure où elles se réfèrent à la condition humaine en général, trouvent leur justification vers la fin de la longue dictée du 18 février 1947, qui se trouve dans Les Cahiers de 1945-1950. Cependant, Maria Valtorta les a corrigés, sur une copie dactylographiée, sous la forme suivante, qui semble plus conforme à la nature humaine-divine de Celui qui parle : "Nous avons tout autour de nous : le bien et le mal. Nous pouvons tout accueillir en nous."
    4. Texte original ; "non indurmi in tentazione".
    5. En EMV 69.5 comme vu plus haut.
    6. En EMV 80.8/10. Jésus est avec Judas, Simon le zélote et Jean de Zébédée, à l'endroit du désert où il fut tenté. Ceci explique qu'on ait pu avoir connaissance de ces faits qui n'avaient pas de témoins.