Les différentes consécrations

    De Wiki Maria Valtorta

    Consacrer est l'action de destiner totalement une personne, un objet, ou un bien, en les vouant au service de Dieu.

    De nombreuses personnes, femmes et hommes, consacrent leur vie à Dieu. Certaines reçoivent le sacrement de consécration, d'autres prononcent des vœux religieux, d'autres, comme de nombreux mystiques, consacrent leur vie dans un acte particulier et personnel. C'est le cas de Maria Valtorta.

    Cela ne veut pas dire que les autres fidèles (les laïcs) ne soient pas consacrés, bien au contraire : en vertu de leur baptême et de l’onction de l’Esprit Saint, ils reçoivent "la vocation admirable" de consacrer à Dieu "le monde lui-même", par "toutes leurs activités, leurs prières et leurs entreprises apostoliques, leur vie conjugale et familiale, leurs labeurs quotidiens, leurs détentes d’esprit et de corps, si elles sont vécues dans l’Esprit de Dieu, et même les épreuves de la vie, pourvu qu’elles soient patiemment supportées[1]".

    Les personnages rencontrés dans L'Évangile tel qu'il m'a été révélé témoignent, souvent humblement, de cet vie vécue dans l'Esprit de Dieu. Cependant d'autres auront à la vivre plus intensément, selon leur appel et leur vocation.

    • Annalia, jeune fiancée sauvée de la mort par Jésus, découvre le meilleur à cette occasion : "vivre comme les anges". Elle devient la première des vierges consacrées bientôt suivies par quelques autres.
    • Jeanne de Chouza (Kouza) vivra sa vie d'épouse et de mère auprès d'un mari plus soucieux de sa carrière que de on destin spirituel et du bonheur de sa famille.
    • Matthias, l'apôtre choisi par l'Esprit-Saint en remplacement de Judas, se sent envahi par la compassion envers Jésus sur le point de vivre son Sacrifice et s'offre lui-même à la suite et en imitation du Christ.
    • Syntica d'esclave en fuite se fait servante du Christ et lui demande de consacrer sa vie à cela, prémices de toutes celles qui se vouent à la doctrine du Christ et à ceux qui le suivent, par amour pour Lui.

    Aucun ne demande sa consécration à la légère car elle est un contrat passé avec Dieu.

    Les consécrations dans L'Évangile tel qu'il m'a été révélé

    Annalia, la première des vierges consacrées

    Elle a 16 ans et déjà fiancée à Samuel de Jérusalem. Elle est guérie par Jésus d'une phtisie galopante qui devait l'emporter rapidement. C'est l'apôtre Jean qui s'est fait l'intercesseur (EMV 85.6). Cette expérience qui transforme Annalia lui fait chercher Jésus qu'elle retrouve à Nazareth. Elle est accueillie d'abord par la Vierge Marie qui la présente à Jésus.
    "– Mais, que veux-tu de précis ? Que puis-je faire pour toi ?" demande Jésus à la jeune fille intimidée.

    "Seigneur, je voudrais... je voudrais une grande chose, et Toi seul, Maître de la vie et de la santé, peux me la donner. Car je pense que ce que tu peux donner, tu peux aussi l'enlever... Je voudrais que la vie que tu m'as donnée, tu me l'enlèves au cours de l'année de mon vœu, avant qu'elle ne se termine..."

    "Mais pourquoi ? N'es-tu pas reconnaissante à Dieu pour la santé que tu as recouvrée ?"        

    "Tellement ! Sans mesure ! Mais, pour une seule chose : car en vivant de sa grâce et de ton miracle j'ai compris ce qui était le meilleur."        

    "Qu'est-ce ?"        

    "C'est vivre comme les anges. Comme ta Mère, mon Seigneur... comme tu vis... comme vit ton Jean... Les trois lis, les trois flammes blanches, les trois béatitudes de la terre, Seigneur. Oui, parce que je pense que c'est une béatitude de posséder Dieu et que Dieu est en possession des purs. Celui qui est pur, c'est un Ciel avec Dieu au centre, et tout autour les anges... Oh ! mon Seigneur ! C'est cela que je voudrais !... Je t'ai peu entendu, j'ai peu entendu ta Mère, et le disciple et Isaac. Je n'en ai pas fréquenté d'autres qui me disent tes paroles, Mais il me semble que mon esprit t'entend toujours et que tu es pour lui un Maître. J'ai fini, mon Seigneur..."        

    "Annalia, c'est beaucoup ce que tu demandes, et c'est beaucoup ce que tu donnes... Ma fille, tu as compris Dieu et la perfection à laquelle la créature peut s'élever pour ressembler au Très Pur et pour plaire au Très Pur (EMV 156.5)."
    Annalia, selon son vœu mourra au dimanche des Rameaux lors de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (EMV 590.16/18). Elle ne verra pas la Passion.

    Les vierges consacrées, impensables dans l'Antiquité où la femme est procréatrice, naissent avec le christianisme et sont présentes dès les temps apostoliques. Comme l'indique Annalia, elles s'inspirent de l'exemple de la Vierge Marie[2].

    Jeanne, l'épouse de Chouza (Kouza), l'intendant d'Hérode.

    Guérie d’une phtisie, Jeanne répond à Jésus qui lui demande ce qu’elle souhaite de plus. (EMV 102.7).
    "Que veux-tu que je te fasse d'autre ?"  

    "Rien, Seigneur. Que seulement tu m'aimes et me permette de t’aimer."        

    "Et, tu ne voudrais pas un bébé ?"    

    "Oh ! un bébé !... Mais, fais ce que tu veux, Seigneur. Je t'abandonne tout : mon passé, mon présent, mon avenir. Je te dois tout et te remets tout. Toi, donne à ta servante ce que tu sais être le meilleur."  

    "La vie éternelle, alors. Sois heureuse. Dieu t'aime."
    Cet acte d'abandon confiant de Jeanne au Christ peut sembler très succinct mais il déploie toute sa profondeur dans celui de saint Charles de Foucauld (1858-1916) qui lui est similaire :
    Mon Père, Je m'abandonne à toi, fais de moi ce qu'il te plaira. Quoi que tu fasses de moi, je te remercie. Je suis prêt à tout, j'accepte tout, pourvu que ta volonté se fasse en moi, en toutes tes créatures, je ne désire rien d'autre, mon Dieu. Je remets mon âme entre tes mains. Je te la donne, mon Dieu, avec tout l'amour de mon cœur, parce que je t'aime, et que ce m'est un besoin d'amour de me donner, de me remettre entre tes mains sans mesure, avec une infinie confiance car tu es mon Père[3].
    Ces actes d'abandon confiant sont en effet une constante dans l'histoire de l'Église. Saint Jean-Paul II, par exemple, avait pour devise Totus Tuus (Tout à vous), une consécration à la Vierge Marie reprise de celle de St Louis-Marie Grignion de Montfort[4].

    Matthias, le futur apôtre

    Les bergers contemplent l'extase de Jésus revenu dans la crèche de sa naissance. La Passion est toute proche. (EMV 538.9))
    "Seigneur, Dieu Très-Haut, Dieu et Père de ton peuple, qui acceptes et consacres les cœurs et les autels et immoles les victimes qui te sont agréables, que ta volonté descende comme un feu et me consume comme victime avec le Christ, comme le Christ et par le Christ, ton Fils et ton Messie, mon Dieu et Maître. C'est à Toi que je me recommande. Exauce ma prière".
    En s'offrant "comme victime avec le Christ, comme le Christ et par le Christ", Matthias demande à s'unir à la Passion du Christ vécue pour la rédemption des hommes pécheurs. C'est le début de la longue lignée des "âmes victimes" ou "hosties" auxquelles appartiennent sainte Thérèse de Lisieux et Maria Valtorta. On dit aussi que ces âmes s’offrent en "holocauste". Ce mot trouve son origine dans les sacrifices du judaïsme au cours desquels les animaux étaient entièrement consumés par le feu dans le but d’expier les fautes d’un individu ou du peuple tout entier[5]. Par sa Passion, le Christ s’est offert lui-même en victime pour l’expiation définitive des péchés de toute l’humanité[6].

    Le Christ étant l'unique Rédempteur, il ne s'agit pas d'une substitution mais d'une association au sens où saint Paul l'exprime[7].

    Syntica, l'esclave en fuite

    Syntica et Jean d’En-Dor, persécutés, partent fonder la communauté chrétienne d’Antioche. C'est l'heure des adieux.
    Syntica s'agenouille aux pieds de Jésus en disant :

    "Bénis-moi, consacre-moi pour que je sois fortifiée. Seigneur, Sauveur et Roi, ici, en présence de ta Mère, je jure et je promets de suivre ta doctrine et de te servir jusqu'à mon dernier soupir. Je jure et je promets de me vouer à ta doctrine et à ceux qui te suivent, par amour pour Toi, Maître et Sauveur. Je jure et je promets que ma vie n'aura pas d'autre but, et que tout ce qu'est le monde et la chair est pour moi définitivement mort, alors qu'avec l'aide de Dieu et des prières de ta Mère, j'espère vaincre le démon pour qu'il ne m'induise pas en erreur et qu'à l'heure de ton Jugement je ne sois pas condamnée. Je jure et je promets que les séductions et les menaces ne me feront pas plier et que je m'en souviendrai, à moins que Dieu n'en dispose autrement. Mais j'espère en Lui et je crois en sa Bonté, ce qui me donne la certitude qu'il ne me laissera pas à la merci de forces obscures plus fortes que les miennes. Consacre ta servante, ô Seigneur, pour qu'elle soit défendue contre les embûches de tout ennemi.

    Jésus lui met les mains sur la tête, les paumes ouvertes comme font aussi les prêtres, et prie sur elle (EMV 314.8).
    Syntica est consacrée par Jésus qui lui impose les mains. Elle devient servante du Christ à qui elle voue sa vie en prononçant, sans le savoir, les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance qui lui semblaient découler des enseignements qu'elle avait entendu. Syntica (Syntykhè) est mentionnée dans la lettre de saint Paul aux Philippiens comme une chrétienne de premier rang[8]. Il témoigne que toutes deux ont lutté avec lui pour l'annonce de l'Évangile.   

    Les consécrations de Maria Valtorta

    Sa vocation de laïque

    Si Maria Valtorta fut une tertiaire franciscaine puis une tertiaire des Servites de Marie, elle ne fut pas religieuse car elle était appelée à une autre vocation. Les sœurs de Monza, intriguées par la transformation visible qu’avait produite sa dernière retraite spirituelle sur cette jeune fille de 16 ans, lui posèrent la question de sa vocation :
    La supérieure chargea une religieuse, plus capable de m'aborder, de me demander si moi aussi j'avais l'intention de me faire religieuse. Je la détrompais aussitôt. Oh! cela aurait été agréable de prendre cette voie, de me placer à l'ombre de Marie, sous son manteau et de vivre ainsi tout le cours de ma vie... Mais ce n'était pas ma voie. Ce n'était pas la vie où Dieu me voulait. Cela était clair pour moi. Le monde devait constituer mon arène de combat. Je ne savais pas quel allait être le combat, mais je savais clairement qu'il devait se jouer dans le monde et non pas dans le cloître[9].
    Si elle ne fut pas religieuse, elle eut pourtant sa "clôture" divine[10]. Ce fut son grabat où elle fut clouée jusqu’à sa mort et où elle reçut le flot des révélations du Ciel.

    1925 ; la première consécration

    Le 28 janvier 1925, elle reçoit L’histoire d’une âme qu’elle avait commandée avec ses maigres économies. Elle commence à lire l’œuvre en entier. C'est une révélation : "Mon âme se liquéfiait d'amour. J'avais trouvé la joueuse d'harpe capable de faire vibrer les cordes de mon esprit [...] Je décidai de faire une très bonne confession, une communion fervente, meilleures encore que d'habitude, puis de prononcer mon acte d'offrande.[11]"

    Elle le fit le dimanche 7 juin 1925, fête de la sainte Trinité, trente ans exactement après que sainte Thérèse fit de même en cette même solennité. Le contenu de cette consécration devait être semblable à celui de la petite Thérèse, car Maria ne nous en n’a pas laissé de texte. Elle s’offrait donc comme "victime d’holocauste à l’Amour miséricordieux" afin de vivre "dans un acte de parfait amour". De ce jour, les souffrances arrivèrent sur Maria "comme la pluie", mais elle ne regrette rien[12].

    1931 : la seconde consécration

    En 1931, à 35 ans, elle fit un nouvel acte d’offrande, non seulement à "l’Amour miséricordieux" comme précédemment, mais aussi à la "Justice divine". Elle le fit avec appréhension car cette consécration n’était pas sans conséquences.

    Dans son Acte d’offrande pour les pécheurs et les âmes qui ont perdu confiance en la Miséricorde, sœur Faustine évoque parfaitement le type de contreparties :
    "Cette offrande consiste à accepter avec une entière soumission à la volonté divine toutes les souffrances, et les peurs, et les frayeurs dont les pécheurs sont remplies, et en échange, je leur donne toutes les consolations que j'ai dans mon âme, qui découlent de mon intimité avec Dieu. En un mot, j'offre tout pour eux : les saintes messes, les saintes communions, les pénitences et les mortifications, les prières. Je n'ai pas peur des coups - des coups de la justice divine - car je suis unie à Jésus. (Jeudi-saint, 29 mars 1934)"
    Cette coexistence de la douleur avec l'union à Dieu qu'exprime ici Ste Faustine, se retrouve dans la vision béatifique d'Étienne subissant son martyre par lapidation[13]. C'est cette même union à Dieu qu'exprime Maria Valtorta dans son Hymne à l'amour et à la souffrance. Cette coexistence de deux réalités s'explique, dans l'œuvre de Maria Valtorta, par la tripartition de l'homme en corps/âme/esprit qu'exprimait déjà St Paul[14].

    Pour aller plus loin

    Notes et références

    1. Lumen gentium § 34 - cf. Lumen gentium § 10.
    2. Voir l'histoire des vierges consacrées sur un site qui leur est dédié.
    3. C'est sous cette forme que s'est répandu l'acte d'abandon de St Charles de Foucauld, mais il ne l'a pas écrit ainsi : la formulation est tirée d'une de ses méditations.
    4. Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge, § 233 : "Tuus totus ego sum, et omnia mea tua sunt : Je suis tout à vous, et tout ce que j’ai vous appartient". Cette formule est reprise du Petit psautier de la Vierge attribué à saint Bonaventure, cantique des laudes du jeudi. Cette consécration est dite "consécration à Dieu par Marie"). Il ne s'agit pas d'une substitution par déification de Marie au même rang que Dieu.
    5. Lévitique,4,3-35.
    6. Hébreux 10,8-10 | 1 Pierre 2,24.
    7. Colossiens 1,24 | Galates 6,17.
    8. Philippiens 4,2-3.
    9. Autobiographie, p.155.
    10. Autobiographie, p.412.
    11. Autobiographie, p. 312-317
    12. Autobiographie, p.315
    13. Actes des apôtres 7,57-60.
    14. 1 Thessaloniciens 5,23 | CEC § 367 se référant notamment à Gaudium et Spes 22, § 5 et à Pie XII, Encyclique Humani generis, 1950.